Rentrée littéraire 2013 - esprit d'hiver - Laura Kasischke

Publié le 10 Septembre 2013

esprit d'hiver

Rentrée littéraire 2013 - esprit d'hiver - Laura Kasischke

de Laura Kasischke 

aux éditions Christian Bourgois

 

Quatrième de couverture:

 

Réveillée tard le matin de Noël, Holly se voit assaillie par un sentiment d'angoisse inexplicable. Rien n'est plus comme avant. Le blizzard s'est levé, les invités se décommandent pour le déjeuner traditionnel. Holly se retrouve seule avec sa fille Tatiana, habituellement affectueuse, mais dont le comportement se révèle de plus en plus étrange et inquiétant.

 

La chronique de Lisa McLivres:

 

 

Laura Kasischke a un don particulier pour raconter des évènements sombres et tragiques de façon lente, insidieuse et complexe. Vous commencez l’histoire d’Esprit d’hiver avec innocence et naïveté et progressivement votre lecture devient inquiétante et oppressante.

L’histoire démarre par un matin de Noël banal, un parmi tant d’autres avec les mêmes rituels et les mêmes invités, et qui pourtant va se transformer en un huis-clos des plus angoissants.

Holly, qui s’est levée bien trop tard ce matin-là, va se retrouver seule avec sa fille Tatiana à préparer en quatrième vitesse le repas avant l’arrivée des convives, pendant qu’Éric son mari est parti chercher ses parents à l’aéroport. Mais un blizzard plus que soudain se lève et va semer la panique dans toute l’organisation prévue.

D’une main de maître l’auteure va nous mener vers un chemin dont on ne distingue pas le bout tant il est parfois sombre et parfois sinueux. Le comportement de Tatiana, la fille adoptive de Holly et Éric, qui pourrait s’apparenter à une banale crise d’adolescence, va recouvrir cette belle journée d’un voile de noirceur étouffante.  Ce brusque changement dans les attitudes de « Tatty » va plonger Holly dans le souvenir de leur première rencontre, à elle et son mari, avec leur fille à l’orphelinat en Russie. Témoignage émouvant et réaliste de ces parents qui sont partis adopter un enfant et sont « tombés amoureux » de cette petite fille aux si grands yeux et aux cheveux si soyeux, si noirs que les infirmières l’avaient appelé « Raiponce Noir de jais ». Tatiana a toujours été une petite fille aimée et choyée alors pourquoi a-t-elle cette impression qu’elle est indifférente et cynique aujourd’hui ? 

Leurs échanges sont à la fois si normaux et sinistres qu’un malaise s’installe à la fois dans ce huis-clos mais également dans notre lecture. On sent que quelque chose n’est pas normal. Holly s’est levée bien trop tard, elle le sait et le répète, c’est à cause de cela que tout va mal dans cette journée. Et depuis qu’elle a ouvert les yeux des mots se répètent inlassablement, presque comme une litanie : « Quelque chose les avait suivis depuis la Russie jusqu’à chez eux ? ». Une des premières phrases du roman qui donne le ton tout de suite. Sommes-nous dans une banale histoire d’une famille américaine moyenne ? Y a-t-il une dimension fantastique dans l’histoire ? Voire onirique ? Je vous garantis que l’on ne sait de quoi il en retourne qu’une fois la dernière page tournée.

Alors on se refait toute l’histoire dans sa tête car on a enfin toutes les pièces du puzzle. C’est le souffle coupé que l’on découvre cette fin, et à ce moment-là, on se dit que Laura Kasischke a un talent sans pareil pour nous berner depuis le début mais toujours avec une maîtrise absolue du récit. 

Rentrée littéraire 2013 - esprit d'hiver - Laura Kasischke

Rédigé par Lisa McLivres

Publié dans #Romans

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